25
Juin 2012
Une
nouvelle définition de l'uranium naturel
par AREVA et l'ASN
Par
définition, l'uranium naturel, celui qui existe dans la nature, ne contient
que de l'uranium.
Mais
cette évidence gêne actuellement la COMURHEX, filiale d'AREVA. Alors,
pourquoi ne pas changer la définition ? Aussitôt dit, aussitôt
fait ! Avec la bénédiction de l'ASN (autorité de sûreté
nucléaire), la COMURHEX nous a expliqué que désormais : tout
uranium contenant un peu de plutonium, mais pas trop, serait considéré
comme de l'uranium naturel. (La limite proposée est de 1000 Becquerels
de plutonium par kilo d'uranium)
Sachant
que le plutonium est un produit qui n'existait pas avant que l'homme ne le fabrique,
cette définition insolite qui demande quelques explications.
Quand
la COMURHEX à Narbonne traitait de l'uranium de retraitement
Jusqu'en
1983, la COMURHEX de Narbonne avait utilisé de l'uranium de retraitement,
c'est-à-dire de l'uranium qui était passé par un réacteur
nucléaire, était devenu du combustible usé, envoyé
à La Hague, retraité pour isoler l'uranium, lequel était
renvoyé à Narbonne en remplacement d'uranium naturel. Évidemment,
cet uranium contenait des impuretés comme des résidus de produits
de fission et du plutonium. Nous savions que ces impuretés se sont retrouvées
dans les bassins de décantation ; c'est même pour cette raison que
ces bassins B1 et B2 ont été déclarés INB (Installation
Nucléaire de Base). Mais nous pensions que c'était les seules traces
qui subsistaient de cette époque. Tel n'est pas le cas.
Et
aujourd'hui, le plutonium circule avec l'uranium entre les deux usines de Comurhex
En
effet, le produit qui sort de Narbonne (tétrafluorure d'uranium) va à
Pierrelatte pour être transformé en un gaz avant enrichissement.
Le rendement de cette transformation dépasse 99%. Le reste qui contient
des impuretés est renvoyé à Narbonne pour être à
nouveau transformé. Depuis 1983, aucun nouveau produit contenant du plutonium
n'a été injecté dans ce circuit entre les 2 usines et pourtant,
aujourd'hui encore, près de 30 ans après, des traces importantes
de plutonium sont encore là et circulent entre les 2 usines !
Le
nouvel arrêté de Comurhex limite la quantité de plutonium
par kilo d'uranium
La
Comurhex vient d'obtenir un nouvel arrêté l'autorisant à accroître
de 50% sa capacité de production, passant de 14.000 tonnes par an à
21.000 tonnes par an.
Pour
la première fois, cet arrêté d'autorisation explique qu'il
y a du plutonium dans ces circuits et qu'il y a une limite maximum à la
présence du plutonium (probablement un peu au-dessus de ce qui circule
dans l'usine). Evidemment, on pourrait considérer cela comme un progrès
sur la transparence car jamais, auparavant, l'information n'avait été
donnée.
Mais,
naturellement, du plutonium en permanence dans ce circuit fait que Comurhex ne
traite pas que de l'uranium naturel, donc c'est toute l'installation qui devrait
être déclarée INB et pas seulement les deux bassins B1 et
B2.
Hors
de question pour AREVA-COMURHEX ! Au lieu de cela, privilège exceptionnel
du nucléaire en France, c'est la définition de l'uranium naturel
qui va être changée avec l'accord de l'ASN…
Ce
qui est à peine croyable également , c'est que, depuis 20 ans, le
plutonium est toujours là et fait des allers retours entre Narbonne et
Pierrelatte !
Naturellement,
à la question posée lors de ce CODERST qui examinait l'arrêté
autorisant l'extension de 50% de la capacité de l'usine, j'ai votée
contre, mais j'étais bien seule !
Maryse
Arditi
Présidente d'ECCLA